Ateliers dirigés en Maternailes
Présentation
Dans le quotidien de ma classe unique maternelle, différents types d'ateliers dirigés sont mis en oeuvre.
On y retrouve les caractéristiques "Maternailes" : mélange des sections dans l'esprit des cycles d'apprentissages, engagement des élèves avec une entrée spécifique dans l'activité, inscriptions multiples, ateliers échelonnés, brevets de réussites.
Cet article présente ces différents types d'ateliers dirigés à partir d'exemples filmés.
Bien sûr, n'apparaissent pas sur ces vidéos les coins jeux qui restent ouverts en permanence dans notre classe, ni l'ouverture des ateliers où nous travaillons tout spécialement le langage scolaire.
D'autres pratiques existent, cette page ne prétend pas être exhaustive. Elle me permet de faire un point à un moment donné, de mon cheminement et de le partager avec vous.
Et pour fêter les quinze ans de Maternailes : elle me permet aussi de vous accueillir un peu dans notre classe de 9 petits, 5 moyens et 11 GS cette année 2013/2014.
Bonne aventure pédagogique !
PS : Les liens dans le texte vous conduisent à d'autres articles, pour aller plus loin.
Avec un ordinateur, vous pouvez arrêter, démarrer les vidéos (Vine) en cliquant dessus.
Atelier dirigé autour d'un projet
Atelier ?
Un groupe d'enfants travaille à une même table ou dans le même espace, généralement sur une activité similaire.
Dirigé ?
L'adulte encadre l'atelier soit parce qu'il souhaite conduire l'apprentissage, soit parce que les enfants ne peuvent gérer seuls les différentes étapes de l'activité.
Projet ?
La classe s'engage dans un projet de réalisation ou d'événement dont l'atelier n'est généralement qu'une étape. Dans le meilleur des mondes pédagogiques, le projet est à l'initiative des enfants. Dans la pratique, il est souvent initié par l'enseignant. C'est tout du moins ce qui se passe dans ma classe. Avec un projet, nous essayons de donner plus de sens aux apprentissages, plus d'engagement (mais cela n'intéresse pas forcément tous les élèves), d'associer différents champs disciplinaires, d'amener progressivement les enfants à identifier et programmer les différentes étapes nécessaires à sa réalisation (un volet délicat à mener).
Le projet permet de passer du "faire" au "concevoir" et d'aller vers plus d'émancipation.
Le petit livre "La famille clown"
Un travail préparatoire a déjà été mené en graphisme et en écriture. On arrive ici à la dernière étape du projet : la réalisation des pages, qui prendra plusieurs séances.
L'enfant doit dessiner les cheveux du clown (des boucles) et écrire le texte en capitale d'imprimerie ou en cursive, en fonction de ses compétences. Ceux qui ne sont pas encore prêts à écrire la totalité d'un mot peuvent simplement coller des étiquettes dans l'ordre.
L'enseignant
Il
encadre cet atelier parce que les différentes activités d'illustration et d'écriture menées conjointement demandent une grande autonomie que beaucoup d'élèves ne possèdent pas encore.
Les élèves
Six enfants maximum sont accueillis à cet atelier. Dans notre classe, ils s'inscrivent toutes sections confondues.
Grâce au groupe, au mélange des sections, ils partagent leurs trouvailles plastiques, échangent, s'entraident (et affinent leur expertise).
Toutes les productions trouvent ici une place et chaque enfant part avec un petit livre singulier où chaque clown a son propre style capillaire !
Atelier échelonné
autour d'un projet
Échelonné ?
Différents niveaux de difficultés sont proposés d'emblée aux élèves. Les enfants cherchent sur quel niveau travailler. Comme ils peuvent s'inscrire plusieurs fois, ils peuvent changer d'échelon si besoin pour être plus en accord avec leur compétence ou apprendre à écrire d'autres lettres, d'autres mots. Ce tâtonnement pour trouver son bon niveau n'est pas une perte de temps. L'enfant en apprend beaucoup sur lui-même et l'apprentissage.
L' atelier échelonné d'écriture
Cet atelier s'inscrit dans le projet de production d'un petit livre A4 : "La famille clown". On apprend à écrire des mots pour le légender. Différents échelons sont proposés :
Niveau 1 : Savoir écrire quelques lettres en capitales d'imprimerie, celles des mots PAPA, MAMAN...
Niveau 2 : Savoir écrire les mots en capitales, en respectant l'horizontalité et l'orientation de gauche à droite
Niveau 3 : Savoir écrire des lettres cursives en respectant le sens des tracés, les points de départs
Niveau 4 : Savoir écrire des mots en cursive en respectant les liaisons.
Au fur et à mesure de sa progression, l'enfant note ses réussites sur le brevet et visualise l'étape suivante (Cf Abécécriture).
L'enseignant
Il accompagne les enfants en fonction de leur niveau. Il est très présent avec les plus jeunes pour l'apprentissage des tracés des lettres dans la farine puis sur la fiche d'Abécécriture.
Les plus experts travaillent en autonomie à partir du brevet.
Le mélange des sections permet d'être plus disponible pour ceux qui en ont le plus besoin, généralement les PS.
Les enfants
Six enfants maximum s'inscrivent à cet atelier, toutes sections confondues. S'il y a beaucoup de PS, je réduis le nombre de places. Le système d'inscription souple le permet. Grâce aux différents échelons, à l'inscription multiple (on peut s'inscrire plusieurs fois à un même atelier), tous les enfants trouvent matière à progresser quel que soit leur niveau.
Atelier d'exploration
Exploration ?
Au sein de l'atelier, l'enfant explore le dispositif à sa façon.
Un large éventail de réponses est possible. L'élève essaie, observe, recommence, commente, analyse, échange, collabore, déborde, innove et progresse en empruntant un chemin qui lui est propre. On se rapproche du tâtonnement expérimental.
L'atelier de graphisme
Il s'agit de tracer des boucles sur les moutons. Une boucle ici, une autre là, une suite de boucles, vers le haut, vers le bas, alignées, en étoiles, petites, très grandes, régulières, alternées, parallèles, en changeant de couleur...
Un large éventail de graphismes est possible !
Il y a pour cette phase d'exploration de grandes surfaces de tableaux disponibles dans la classe, à la verticale sur les murs ou à l'horizontale sur une table.
L'enseignant
Il observe les enfants, aide ceux qui s'approprient plus difficilement le tracé, encourage les initiatives et les défis, relance avec des propositions d'exemples issus de la classe (à partir des nombreuses photographies prises dans la classe). Il organise si besoin les rotations sur les différents supports.
Dans notre classe, ce n'est pas l'enseignant qui gère cet atelier mais Nelly, notre fabuleuse ATSEM !
Les enfants
Six enfants maximum s'inscrivent à cet atelier, toutes sections confondues. Ils travaillent seuls ou collaborent avec une personne de leur choix. Ils peuvent s'inscrire plusieurs fois et ne s'en privent pas, pour améliorer leur performance, s'approprier les pistes d'un copain ou tout simplement pour le plaisir de bien faire.
Atelier semi-dirigé autour d'un
projet de bricolage
Bricolage ?
L'école maternelle, dans l'imaginaire collectif, c'est LA fabrique à objets ! Parents, enfants, enseignants, tout le monde se réjouit de ces bricoles rapportées à la maison. À nous d'en faire, autant que possible, un temps d'apprentissages qui dépassent la simple motricité fine.
Semi-dirigé ?
L'enseignant n'intervient qu'à une étape de l'atelier, ici à l'ouverture. Puis les enfants travaillent en autonomie ou avec l'ATSEM.
Les pommes de pin de Noël
Il s'agit pour les enfants de coller 4 boules blanches, 4 vertes et 4 rouges sur une pomme de pin.
L'enseignant
Il intervient à l'ouverture de l'atelier. Comment réunir quatre boules de chaque couleur ? Nous faisons un inventaire des procédures connues du groupe (comptage, organisation spatiale du 4, association avec 4 doigts...).
Comment être sûr qu'il y en a bien 4, même si on ne sait pas compter ? (Collection temoin, correspondance terme à terme avec un dessin, un duplo de 4 picots...)
Un défi calcul pour les les GS et MS volontaires : Ils reçoivent une barquette contenant 1 rouge, 2 verts, 3 blancs et doivent commander ce qui leur manque (le complément à 4) en le représentant (dessin ou écriture de la quantité).
Les enfants
Six enfants maximum s'inscrivent à cet atelier, toutes sections confondues.
Ils préparent leur matériel, vérifient la collection puis collent les boules avec du vernis colle pendant que l'enseignant quitte la table pour ouvrir un autre atelier (un des avantages de l'ouverture progressive des ateliers.)
Atelier échelonné décroché
Décroché ?
Cet atelier ne s'inscrit dans aucun projet, il n'a aucun lien avec la vie de la classe. Mais il s'insère dans une progression d'apprentissages qui évolue au fil des mois, en fonction des besoins observés, des aventures de la classe, avec toujours les compétences de fin de cycle en ligne de mire.
Atelier de tri et tableau à double entrée
Les enfants ont déjà appris à trier des formes géométriques simples au cours d'un atelier préalable.
Il s'agit maintenant d'exercer un tri plus fin (plus de formes et de nuances de couleurs) pour remplir différents tableaux :
Niveau 1 : un seul critère de tri, forme ou couleur, pour renseigner un tableau à colonnes ou rangées
Niveau 2 : deux critères de tri, forme et couleur, pour renseigner un tableau à double entrée.
Niveau 3 : Introduction de la négation (pas rouge/ pas rond) pour complexifier la logique du tri (S'il n'est pas vert, il peut être...)
L'enseignant
Il présente les différents tableaux, accompagne les enfants dans leur recherche.
Les enfants
Six enfants maximum s'inscrivent à cet atelier, toutes sections confondues. Ils notent leurs réussites sur un brevet qui leur permet aussi de réguler leur travail : qu'est-ce que je peux encore faire ? Est-ce que je peux tenter un niveau supérieur ?
Comme ils s'inscrivent plusieurs fois, beaucoup évoluent par rapport à leur première participation, trouvent le niveau qui leur permet de progresser en s'inspirant bien souvent des autres. (cf Apprentissage vicariant)
Atelier créatif
Créatif ?
Au fil d'une progression ou au détour d'une découverte fortuite, les élèves sont amenés à créer leur propre production. Aucune ne sera identique (en dehors des "copies" volontaires des incorrigibles copains-copines.) C'est l'imagination, l'inspiration, les appropriations, les possibles plastiques et expressifs qui constituent le fil rouge de cet atelier.
Cela ne signifie pas que l'enseignant n'intervient pas.
Un bonhomme avec des chatons de bouleaux
Un matin en rentrant de vacances, nous avons trouvé plein de chatons de bouleaux dans la cour. Nous les avons ramassés ainsi que des brindilles.
Toutes les semaines, nous réalisons un bonhomme en utilisant des techniques variées, pour représenter différentes postures. La cueillette des chatons va s'insérer dans notre parcours : nous allons réaliser une composition plastique personnelle pour représenter un personnage.
L'enseignant
Il fixe d'abord le cadre. "Avec ces chatons, chacun va essayer de fabriquer un bonhomme. Nous le photographierons. Si vous avez besoin d'aide ou d'autre matériel, demandez-moi !"
J'observe les enfants, je propose des enrichissements à partir d'autres créations, de matériel disponible (lentilles, bâtons, crayons...)
et quand le sujet s'y prête, je présente des oeuvres d'artistes. Je soutiens des enfants qui ont des difficultés motrices par exemple, je leur transmets des astuces, trouvailles en cas de découragement. Il s'agit de les accompagner dans le processus de création en les laissant autant que possible en rester les acteurs. Une posture délicate à tenir.
Les enfants
Cet atelier a été mené en demi-classe avec des MS/GS. Les enfants ont pu profiter de l'ingéniosité des autres. Le fait de ne pas coller leur a permis de faire évoluer leur bonhomme, de tester différents effets visuels. Cela a produit un bel engagement de chacun pour construire, modifier, enrichir, recommencer sa création et la publier sur notre compte Twitter !
Atelier informel
Informel ?
S'il y a atelier lorsque un groupe d'enfants travaille à une même table ou dans le même espace, généralement sur une activité similaire, le temps du rangement peut constituer une forme d'atelier informel !
Il se situe un peu en marge du cadre temporel de l'atelier mais peut constituer un pôle d'apprentissages très riche pouvu que l'on ne fasse pas ranger toute la classe en même temps, mais table après table, coin jeux après coin jeux.
En rangeant ainsi progressivement la classe, en toute discrétion, je suis disponible pour en faire un temps d'apprentissage. Enseigner par exemple, comment contrôler ses gestes pour ne pas faire de bruit, nommer les ustensiles de la cuisine, les vêtements du coin lingère, se repérer sur les photographies des placards pour ranger...
Parfois ce n'est pas l'enseignant qui initie l'activité. Les découvertes, les passions des enfants peuvent en être la source. Un enfant se charge alors de l'atelier. Dans cet exemple, une élève de grande section a encadré l'atelier "pâquerettes" qu'elle avait imaginé. Elle a transmis ses savoir-faire et son enthousiasme à toute la classe. Un atelier qui demande une belle concentration et une motricité très fine!
L'atelier dirigé peut sortir du créneau horaire dédié aux ateliers et se nicher, comme bien souvent en maternelle, à de nombreux moments de la vie de la classe. C'est une des caractéristiques de la maternelle : apprendre à tout moment.
Il peut être dirigé par une autre personne que l'enseignant, ATSEM mais aussi parfois par un enfant.
Atelier autour d'un projet
numérique collectif
Projet numérique ?
Les tablettes numériques rendent les productions multimédias accessibles : l'oral trouve enfin sa feuille de papier. L'enfant, dans le cadre d'un projet d'ebook par exemple, s'enregistre, s'écoute, améliore sa production orale avec l'aide de l'enseignant.
De multiples projets peuvent voir le jour sur une tablette avec l'ingéniosité et la créativité des enseignant(e)s de maternelle. Je ne doute pas que le numérique soit partie prenante de l'identité de la maternelle, dans les années à venir, au même titre que le bricolage.
Collectif ?
Dans les exemples précédents, chaque enfant produit pour lui un objet, un livre...
Le projet peut être aussi celui de la classe : chaque enfant réalise des pages d'un ebook collectif, une partie d'un spectacle, arrose les plantations de tous... Chaque élève doit y trouver une place, quelles que soient ses compétences.
L'autre n'est plus seulement celui qui m'arrache le camion rouge des mains, il peut être celui pour qui j'arrose les radis, celui qui écrit le texte d'une affiche quand je ne sais pas encore le faire...
L'imagier des couleurs
Retrouvez toutes les étapes de ce projet numérique sur cet article du blog.
L'enseignant
Il encadre cet atelier pour proposer, si besoin, des formulations orales enrichies, d'un niveau juste supérieur à celle de l'enfant. Il invite chaque enfant à participer et à contrôler sa parole. Il faut parler au moment voulu et se taire quand ce n'est pas son tour. Tout un apprentissage dont la réussite du projet dépend !
Les enfants
En fonction de leur niveau de maitrise, ils s'enregistrent et s'écoutent en autonomie, s'approprient les propositions de l'enseignant pour un deuxième jet et se font discrets quand c'est le tour d'un autre. Ils valident leurs réussites sur le brevet en fin d'atelier.
Point commun des ateliers
Travaux pratiques !
Les catégories présentées plus haut s'entrecroisent bien souvent. Un atelier revêt beaucoup de ces caractéristiques comme en témoigne cette dernière vidéo.
On retrouve la dynamique du projet autour du jardinage, à la fois collectif quand il s'agit d'entretenir le potager et individuel quand il s'agit de cueillir SON radis !
Le dessin d'observation, aussi riche soit-il, est presque décroché : il nous permet de garder une trace de la cueillette, mais en a-t-on besoin pour enfin les déguster ?
Il est semi-dirigé : les enfants poursuivent seuls la phase de dessin.
Il y a une part d'exploration quand on cherche comment dessiner ce que l'on voit. Certains essaient au tableau d'abord, s'inspirent des autres.
Il n'est pas échelonné parce qu'il n'y pas de différenciation en amont. Le même défi est relevé par tous : dessiner un radis au plus près de ce que l'on voit. Mais chacun pourra apporter sa réponse.
Toutes les productions, aussi différentes les unes des autres, sont intégrées, collées précieusement dans le cahier d'élève. Aucune n'est jugée
Point commun
L'intégration de tous, dans l'esprit des cycles d'apprentissages, est au coeur de ces ateliers. Tous les ateliers présentés ici, partagent ce point commun. À chaque fois, en arrière plan se pose cette question : "Comment accueillir tous les parcours des enfants et leur permettre de progresser, quels que soient leurs pas, leur orientation, leur bagage, leur section. "
Une question délicate à laquelle je ne trouve pas toujours de réponse.