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Chapitres

 

Christine Lemoine
Juin 2011

 

 



 

L'inscription aux ateliers

 

L' inscription aux ateliers :
pourquoi ?

"L'activité de l'enfant est poussée par son propre moi et non pas par la volonté de la maîtresse" Maria Montessori ( 1870-1952), extrait de "La pédagogie scientifique".

50 ans plus tard...: " Nous ne pouvons pas exercer notre métier sans un engagement de l'autre (de l'élève), sans une mobilisation, sans un usage de soi par soi." B. Charlot.

Si l'on en croit les chercheurs(1), la dynamique d'apprentissage la plus efficace est la motivation intrinsèque. C'est cette dynamique que le dispositif d'inscription va chercher
Parce que les performances et la persévérance sont bien meilleures lorsque l'enfant se mobilise par lui-même, même si d'autres facteurs conditionnent la réussite scolaire.
Parce que nous avons besoin de l'implication de l'enfant lorsque l'on fait appel à sa sensibilité, à sa curiosité, à son langage, à sa réflexion...

Bien sur, une partie des élèves ne va pas pouvoir s'inscrire tout de suite à l'atelier de son choix. L'enfant devra apprendre à gérer sa frustration, contrôler son désir immédiat pour attendre qu'une place se libère. L'activité n'en sera que plus précieuse ! Il devra comprendre ou tout du moins accepter qu'il existe d'autres enfants dans la classe, qui doivent eux aussi participer à cet atelier. Bref, l'enfant apprend à se projeter dans un monde social où les règles collectives lui assurent une place en même temps que leur lot de contraintes.

Bien sur, il existe toujours des enfants qui ne s'inscrivent pas spontanément aux ateliers, qui ne semblent pas motivés par les activités proposées.
On est à l'école, les programmes leur sont du. Alors, même si la motivation extrinsèque est moins efficace, je vais les chercher pour qu'ils participent à un atelier.
Ce système d'inscription va me permettre de les identifier et de dégager un temps pour eux, pour les accompagner au plus près dans les activités.
Cela demande beaucoup de disponibilité, ce pourquoi je ne démarre pas de second roulement d'ateliers avant que tous les élèves, et notamment ceux-là, aient travaillé.

(1) Dans "Motivation et réussite scolaire" Lieury et Fenouillet font le point de la recherche à ce niveau.

Le système d'inscription

Je profite du calme de l'accueil pour ouvrir un par un les ateliers, sans regroupement collectif, en commençant par les ateliers autonomes.

Je m'installe au lieu de l'atelier avec le matériel, une boite à inscription et la liste des élèves de la classe.

Des enfants s'inscrivent en plaçant leur étiquette présence sur la boite. Ils peuvent participer plusieurs fois à un même atelier, pour améliorer leur réalisation, expérimenter un niveau différent dans le cadre d'ateliers échelonnés, coopérer avec d'autres enfants ou engranger le plaisir de bien faire et l'estime de soi en tant qu'élève.

Nous cochons les passages de chacun.
La présence de l'initiale bestiole dans les listes comme sur l'étiquette présence facilite ce passage obligé : les enfants cochent rapidement leur prénom de façon autonome.

Nous verbalisons ensemble la consigne et tout ce qui peut l'entourer : les savoir-faire qui vont nous aider à la réaliser (à quoi faut-il faire attention), les différentes étapes, les niveaux de difficultés des ateliers échelonnés, le matériel nécessaire et les aides que l'on va pouvoir trouver (affichage, bandes numériques...), ce que l'on va faire du travail terminé (ce qu'est exactement le travail terminé). C'est aussi un moment de langage ou l'on exerce l'échange et le langage scolaire.
Même bref, ce temps de structuration du langage est d'autant plus efficace que les enfants présents sont volontaires et peu nombreux ( 6 maximum.)

Dès que je suis disponible, un atelier est imposé aux enfants qui n'en ont encore effectué aucun. Ces enfants font l'objet d'une attention toute particulière qui vise à les rapprocher des apprentissages, à leur donner petit à petit le goût de l'école. Ils sont identifiés d'un coup d'oeil : leur étiquette présence est toujours affichée dans le tableau.

J'ai donc besoin de peu de matériel :
- Des boites de couleur qui fixent le le nombre de participants et le lieu de l'atelier (sur une table, derrière l'écran de l'ordinateur...)
- Les étiquettes et le tableau de présence.
- La liste des élèves pour savoir qui a fait quoi.

Des règles simples

Il me faut veiller au respect rigoureux de certaines règles.

Tous les élèves doivent faire au moins un atelier sur le créneau horaire, avant ou après avoir joué. On est à l'école.
Cette exigence est mise en place progressivement. Lors des premières semaines de rentrée scolaire, des gros chagrins-colères qui parfois l'accompagnent, je n'impose rien.

On ne peut pas faire un deuxième atelier avant que tout le monde en ait fait un. Mieux vaut installer quelques coins jeux plus scolaires pour nourrir les goulus d'école que de faire une seconde rotation à la demande. J'aménage un coin écriture par exemple, où les enfants retrouvent les lettres et les mots travaillés avec Abécécriture , ou encore un coin écoute...
Cette règle permet de réserver un temps spécifique pour ceux qui n'ont pas encore travaillés, ces enfants invisibles, ces joueurs invétérés que l'école n'intéresse pas, ceux qui ont tout particulièrement besoin de l'enseignant médiateur pour accéder aux apprentissages.
Ce deuxième tour d'atelier n'est pas obligatoire dans ma classe, mais c'est à chacun de voir.
Comme les ateliers échelonnés proposent souvent plusieurs activités par niveaux, les différences de rythme de travail sont généralement absorbées : dans ce brevet par exemple, Kévin ne réalise que deux tableaux pendant que Laétitia les fait tous en s'inscrivant plusieurs fois.


Les enfants qui jouent ne doivent pas déranger ceux qui travaillent : ils quittent du coin jeu dans le cas contraire. Ça motive ! J'interviens sans crier. Je me déplace et les informe calmement : "Tu fais trop de bruit à ce coin jeu, tu nous déranges alors tu sors." Petit à petit, j'ai de moins en moins à me déplacer : les enfants contrôlent leur niveau sonore pour rester aux coins jeux.

Un atelier est changé lorsqu'il est terminé, lorsqu'aucun élève ne semble pouvoir y progresser. Il est remplacé par un autre, ayant le même mode de gestion : autonome ou dirigé avec l'enseignant ou l'ATSEM. Une seule nouvelle consigne apparaît au plan de travail.

 

Le matériel

Les boites d'inscription

Il s'agit de boites métalliques de lait pour nourrisson.
Il y en a 4, de couleurs différentes.
J'ai utilisé de la peinture vitrail et du cerne noir pour les décorations.
J'ai réservé 6 fenêtres sur lesquelles les enfants peuvent placer leur étiquette aimantée.
Je peux adapter le nombre d'enfants à l'atelier en bouchant une fenêtre.

Les étiquettes et tableau de présence

Les étiquettes sont plastifiées et aimantées. Elles peuvent se fixer sur le tableau de présence, comme sur les boites d'inscription. Des explications sur le choix de ce format ainsi que des planches vierges sont à retrouver sur cette page.

Les listes d'élèves

Deux types de listes sont utilisées dans la classe :
- l'une sert à noter simplement les passages des enfants en cochant un rond à chaque participation
- l'autre liste présente une colonne supplémentaire pour noter les niveaux de compétences atteints par chacun.
Ces listes sont collées dans mon cahier journal et témoignent ainsi des parcours de chacun.

A noter : On retrouve sur le plan de travail, une représentation des boites que l'on peut télécharger ici.