njeux de l'organisation de la classe
Caractéristiques de l'organisation : L'enfant, quelque soit sa section, entre quand il le souhaite dans les ateliers, sur le créneau horaire. Il peut jouer, ou travailler d'abord, le contrat étant qu'il réalise au moins un atelier et qu'il utilise les coins jeux sans déranger les autres.
Parmi les trois proposés, il trouve un atelier échelonné, qui propose plusieurs niveaux de difficultés, et souvent, plusieurs activités par niveau. (Voir Ateliers échelonnés)
1. Motivation de l'enfant Mettre l'enfant en activité... :
"L'activité de l'enfant est poussée par son propre moi et non pas par la volonté de la maîtresse" Maria Montessori ( 1870-1952), extrait de "La pédagogie scientifique". 50 ans plus tard...: " Nous ne pouvons pas exercer notre métier sans un engagement de l'autre (de l'élève), sans une mobilisation, sans un usage de soi par soi." B. Charlot.

En lui donnant la possibilité de choisir le moment de l'atelier, l'enfant s'engage volontairement dans la construction de ses apprentissages. L'atelier proposé est appréhendé par l'enfant comme un projet personnel.

L'organisation de la classe permet à l'élève de "se mettre" en activité.

La relation aux apprentissages n'est plus un rapport de soumission plus ou moins heureux, aux injonctions d'un adulte, mais une prise en main ( et en "tête" !) active du dispositif.

Bien sur, il existe toujours sur une classe 2 ou 3 enfants qui ne s'inscrivent pas spontannément aux ateliers. Ils sont invités par les adultes à participer lors du second roulement, l'enseignant se trouvant à ce moment plus diponible pour ces quelques élèves. La rencontre entre l'activité scolaire et ces enfants peut alors s'effectuer dans la proximité rassurante d'un adulte.

2. Gestion de l'hétérogénéïté

Pouvoir s'enrichir des autres : ici

Ce ne sont pas les enfants qui sont regroupés par l'adulte autour d'une activité, souvent au sein d'un groupe de couleur imposé, c'est l'atelier qui se divise en différents travaux et échelons, pour accueillir les petits, moyens, grands, experts, débutants, inséparables ... ENSEMBLE.
Les petits, ou moins experts, sont stimulés et apprennent au contact des plus habiles, en analysant l'action des autres ou en communiquant. Les plus experts progressent en verbalisant leur savoir, parfois encore "intuitif" auprès d'enfants moins à l'aise.
La libre constitution de groupes hétérogènes, liés parfois affectivement, favorise notamment l'acquisition du langage, "au coeur des apprentissages".
Le réseau de relations humaines qui s'établit dans la classe est respecté.
Un enfant comme un adulte donne le meilleur de lui-même quand l'environnement humain n'est pas imposé mais un peu choisi. Bien sur, si les choix de l'enfant nuisent à ses acquisitions, l'adulte intervient. ( Parfois, il est difficile de laisser deux enfants "travailler" ensemble...)

Voir "Dispositif annuel pour l'acquisition du langage oral."

3. Temps d'apprentissage La fin du gobeur de mouches...:

A bien y regarder, lorsque je mettais les enfants en ateliers tous en même temps, voici ce que j'observais :
- un groupe d'enfant qui réalisait l'activité en une demi-heure en moyenne puis partait généralement jouer une autre demi-heure.
- un petit groupe d'enfant qui la réalisait en 5 mn et profitait généreusement des coins jeux...
- un groupe d'enfant (chez nous conséquent) qui passait une demi-heure à gober les mouches en reluquant les Duploos, puis enfin une autre demi heure en activité quand un adulte se libérait pour expliquer, "motiver", réveiller, séparer, gronder...( Certains tentaient parfois une issue de secours en bâclant, souriant, un truc pour la maîtresse ...)
- une maitresse qui courait d'enfant en enfant, égrainant des "Attennnnds" sur son trajet.
Au final, un gobeur de mouches avait :
- douloureusement réalisé le travail ( sa relation aux apprentissages était déjà difficile, ça ne l'arrangeait pas...)
- été privé des coins jeux et de leurs apprentissages ( Il est pourtant celui qui a le plus besoin des coins jeux pour mûrir et s'avancer vers l'abstraction, la marche de la réussite scolaire semble s'éloigner au fur et à mesure qu'il avance dans l'école...)
- gagné une demi-heure d'attente et d'obéissance sénile(*), un Duploo en travers de la gorge, un pied ou deux dans l'échec scolaire...
Les coins jeux sont bien plus qu'une variable d'ajustement : un espace d'apprentissage social, langagier, mathématique, moteur...reconnu par les Instructions Officielles.
En les utilisant en même temps que les ateliers, on "optimise" le temps scolaire de l'enfant, qui n'en perd plus.

(*) Sénilité = Affaiblissement physique et surtout intellectuel causé par la vieillesse...( Ou la vie dans une classe ;-))
4. Non-violence du dispositif

Intégration des dynamiques :

Plutôt qu'imposer une rupture entre les différentes dynamiques de la classe, le dispositif tente de les intégrer, de les utiliser.
Le réseau des relations humaines n'est pas tranché par un cloisonnement en sections, groupes de couleurs, de poussins... Il est notamment utilisé pour soutenir et enrichir la communication orale des enfants. ( Voir : Dispositif pour l'acquisition du langage oral.) De plus, la diversité des enfants d'un groupe en activité favorise le tutorat ( et sa structuration des apprentissages par la verbalisation qu'elle implique) et l'imitation ( et l'observation active de l'activité.)
Les apprentissages mis en oeuvre aux coins jeux ne sont pas brisés par l'ouverture des ateliers. L'utilisation concomittente de ce pôle d'activités permet d'augmenter la proximité et l'efficacité de l'action de l'enseignant. Libéré des contraintes militaires inhérente à la gestion d'un groupe de 30 élèves, il peut entendre les particularismes de chaque enfant et mettre en oeuvre des relations pédagogiques et humaines adaptées.
Pour accéder aux apprentissages, l'enfant ne doit plus seulement emprunter la pensée du maitre, transmise généralement par une consigne verbale, à ceux qui peuvent "l'entendre". Libre de ses mouvements, l'élève peut observer l'activité, être "attrapé" par le savoir faire ou l'enthousiasme des autres, et s'approprier l'activité scoalire à partir de cette analyse du réel.
Respect de l'enfant :
Enfin la personne de l'enfant est reconnue dans ses besoins de jouer, de relations plus individualisées avec l'adulte, dans son besoin de "vivre ensemble" ce jour avec untel, besoin de grandir et d'affirmer son autonomie comme ses compétences.
Les différences de rythmes de travail, de niveaux de compétences, de compréhension de l'activité, sont intégrées par, à la fois les entrées diverses dans l'activité que l'organisation propose et les ateliers échelonnés.

5. Différenciation Développer des cheminements différenciés :

Les niveaux des enfants varient beaucoup en maternelle, même au sein d'une même tranche d'age. Il y a celui qui parle couramment dernière l'écran qu'il vient d'ouvrir à coté de celui qui reste désespérément incompréhensible, ou n'a jamais ouvert de livre, ni tenu un crayon.
Leur attention n'est pas constante. Le ninnin oublié dans la voiture peut monopoliser l'attention d'un petit. D'autres passent par des phases de régression avant de faire un grand bond en avant.
L'atelier échelonné, en proposant plusieurs niveaux de difficultés tente d'intégrer tous les particularismes des enfants. En y proposant plusieurs activités et en permettant à l'enfant de l'explorer plusieurs fois, de se tromper, de recommencer, tenter une activité voisine, une plus difficile, ou celle de sa copine...l'enfant peut entrer dans l'apprentissage, à son meilleur niveau. Les enfants "rapides" (voir précoce) de ne s'ennuyent pas et s'épanouissent, les enfants "plus lents" progressent à leur vitesse, en venant peut être plusieurs fois pour réaliser une seule activité, les "timides" de prennent confiance en eux dans des niveaux qu'ils maîtrisent déjà, les méticuleux s'enorgueillissent du travail fait en expert pour la seconde fois...
En les laissant choisir "leur" bon moment, "leur" bon niveau, avec exigence, les enfants mettent la barre au-dessus d'eux, dans cette zone proximal que ne peut offrir un seul niveau de difficulté.
Ils sont à l'âge ou l'on veut explorer le monde et s'affirmer. Il n'y a qu'à leur en donner les moyens.
6. Apprendre

Réussir… à apprendre :

Apprendre : " Acquérir des connaissances, mettre en mémoire. " Dictionnaire Hachette

Les enfants qui savent réaliser la consigne énoncée dans cette fiche le font, et n'ont donc rien acquis de plus.
Ceux qui ne savent pas la faire garde en mémoire qu'ils sont !
Cela réduit le processus d'apprentissage à un classement d'enfant : les bons, et les mauvais.
S'il s'agit d'un procédé d'évaluation, il doit reposer sur les acquisitions de l'enfant au terme d'une progression d'activités, et non sur l'enfant lui-même comme c'est le cas quand ce type de fiche est donné, avant une autre...
De plus, à l'age ou l'enfant construit sa personnalité et ses premiers rapports à l'école, tamponner son travail (et lui même) d'un jugement de valeur n'est pas sans conséquence pour "l'estime de soi" et le rapport au savoir qu'il va développer.
Il est possible en maternelle d'évaluer de façon positive, en notant les différents niveaux de compétences acquis notamment dans les ateliers échelonnés, d'engranger des réussites et d’enraciner un plaisir d’apprendre.

Articles à suivre :
L'organisation de la classe.