Christine Coutaud
MS/GS
École de St Julien
Les Rosiers - Gard
Fév 2007
enseigner autrement :
Témoignages et échos

...constituer une progression graduée, accessible à tous et incluant les compétences à acquérir n'est pas spontané...

 

 

...le "climat" serein dans la classe, c'est impressionnant le calme (je n'ai pas dit le silence :) ) dans une classe maternelle...

 

 

...Laisser les enfants progresser à leur rythme donne des "résultats" très surprenants...

 

 

... en innovant avec ce type de pédagogie, il fallait absolument que je vérifie la conformité et l'adéquation des acquis avec les compétences nationales...

 

 

 

...les parents se sont rendus compte que les compétences à atteindre étaient acquises...

Des nouvelles de ma classe :
Les vacances approchant dans mon département, il est temps que je prenne un peu de recul et fasse mon bilan personnel...
( Le premier témoignage de Christine est à lire ici )


Du point de vue de la maîtresse :
C'est toujours un challenge impressionnant de réfléchir en termes d'apprentissages échelonnés au moment de préparer ma classe, les idées pour constituer une progression graduée, accessible à tous et incluant les compétences à acquérir n'étant pas spontanées... Ce n'est pas que je manque d'idées ;) c'est que j'ai encore du mal à les décliner en plusieurs niveaux de difficultés. Mais je perçois mieux la manière dont je dois définir mes objectifs pour que ceux ci soient tellement clairs pour les enfants qu'ils puissent d'eux-même expliciter la consigne et se l'auto-approprier.
Je me suis vite aperçue que les enfants ont toujours une oreille qui traîne, et que l'atelier échélonné que je mets en place peut au bout de quelques jours être complétement géré par les enfants eux-mêmes, les premiers à l'avoir accompli expliquant, corrigeant les autres.
Mon problème "annexe" est que je ne dispose pas d'une ATSEM à temps plein.
Autre problème, mes ateliers durent trop longtemps, je ne peux pas effectuer de seconde rotation, mes activités sont donc très probablement encore axées sur l'organisation de l'école élémentaire, sans doute faudra-t-il que je prépare plus "simple".
Je n'arrive pas encore à établir de plan de travail (c'est sur ce point que je vais aussi travailler d'un point de vue pédagogique pour le reste de l'année) mais je suis quand même rassurée de voir que l'élan et la curiosité des enfants au début d'un atelier échelonné sont toujours aussi intenses.

Mes petites fiertés personnelles :

Les progrès réalisés par certains évidemment!
Le "climat" serein dans la classe, c'est impressionnant le calme (je n'ai pas dit le silence :)) dans une classe maternelle...
L'autonomie acquise par les enfants qui ont appris à se découvrir, à travailler ensemble, à comparer leurs productions, à s'inspirer des idées des uns et des autres, à s'écouter. Aucun "groupe" n'étant constitué, ils ont très vite pris l'habitude d'aller spontanément les uns avec les autres, à être constamment mélangés.

 

Du point de vue des élèves :
Laisser les enfants progresser à leur rythme donne des "résultats" très surprenants : les évaluations de janvier étant achevées, je me suis aperçue très surprise que sur 28 élèves, je n'en ai que 3 en "difficulté" : 1 parce qu'il est assez souvent absent, donc il perd logiquement le "fil", 2 à cause de "problèmes" extérieurs à l'école. Mais les dites difficultés ne sont pas insurmontables. ;)) Pour les autres, dont certains me posaient un peu souci, globalement TOUTES les notions sont acquises ou sur le point de l'être. Cela implique que certains ont accompli une progression fulgurante depuis septembre et pour d'autres c'est moins rapide, l'important est que les progrès aient été réalisés. Les évaluations proposées étant "normalisées" et non formatives comme je l'aurais souhaité, mais en innovant avec ce type de pédagogie il fallait absolument que je vérifie la conformité et l'adéquation des acquis avec les compétences nationales.

Du point de vue "extérieur" :
Il y a beaucoup de personnes qui ont circulé dans ma classe, avec ou sans moi d'ailleurs ;)) Directrice d'une école de quatre classes, une PE2 est présente tous les lundis; j'ai également été en stage pendant 4 semaines, remplacée par une autre PE2, et dernièrement, un autre enseignant était présent dans la classe avec moi... En démarrant cette pédagogie, c'est très difficile pour moi d'expliquer en quelques dizaines de minutes le fonctionnement de la classe. Pour les PE2 qui ont "pris" la classe, cela ressemble beaucoup à de la pédagogie Freinet. Pour le brigadier qui est venu avec moi dans la classe, la surprise est venue du fonctionnement très souple et qui a priori, lui semblait peu structurant et "cadré", de la liberté du choix des ateliers; il a également trouvé que les activités proposées étaient difficiles, puis avec une matinée seul dans la classe, il a constaté de lui-même le résultat.
C'est aussi très important pour moi de bénéficier de ces éclairages de collègues, jeunes ou expérimentés, cela me permet de mieux cibler les atouts et les inconvénients du dispositif, de mieux définir mes pratiques.

Et du point de vue des parents ?

Les parents, dans ce village, se connaissent tous, discutent beaucoup entre eux. Ma classe, 13 MS et 15 GS est la copie conforme de la classe de ma collègue, qui fonctionne de manière traditionnelle. Les interrogations légitimes des parents en début d'année, se font plus discrètes à présent. Les cahiers des enfants sont distribués à chaque fin de période, peut-être les parents ont-ils comparé les travaux des 2 classes.... et se sont rendus compte que les compétences à atteindre étaient les mêmes, et étaient acquises.

Bilan :
Je suis toujours dans la pratique des ateliers échelonnés, et je ne risque pas d'en changer, c'est une recherche pédagogique permanente mais une telle richesse dans les découvertes et apprentissages des enfants!!!

Christine Coutaud
MS/GS
École de St Julien Les Rosiers - Gard